Rencontre de bonne année avec le dénommé Dimoné

Publié le par Jérôme Carrière

Avant même qu’il ne mette en ligne un peu de son dans le gros nuage de la Grande pomme (le SoundCloud comme disent les occitanistes), autrement dit nous offrir pour le Nouvel An « Encore une année », le premier extrait de son 4e album à paraître, Postillon a rencontré Dimoné à la terrasse de la Pleine Lune, c’est-à-dire un peu en dessous du gros nuage. Le temps n’était pas terrible mais le diablotin cabotin avait la moustache frétillante à l’idée de nous faire croquer le premier quartier de son éclair : « Bien nommé, mal femmé » !

Postillon : Bientôt 5 ans ont passé depuis « Madame Blanche », tu ne crois pas que tu exagères un peu ?

Dimoné : Non, j’ai un tempo sudiste, je l’assume et je le revendique. J’aime prendre mon temps pour faire les choses. C’est vrai que cela peut paraître long. Mais il y a eu entretemps les chansons de la ZAT (*) et la Carte noire à Jean-Vilar qui est un peu notre coffret prestige et je me suis laissé embarquer par Dany (**) dans les aventures de Boby Lapointe alors que je ne le voulais pas au début. Mais elle a su me convaincre d’accepter.

Postillon : Ton prochain album se nomme « Bien nommé, mal femmé ». Pour quelqu’un qui ne se veut pas lapointophile, c’est mal nommé, mal barré !

Dimoné : C’est vrai (rires) ! Boby Lapointe, je connais comme tout le monde bien sûr mais ce n’est pas mon univers. J’ai écouté ses disques et je les ai fait connaître à mes enfants. C’est important cette transmission. C’est drolatique même s’il y a beaucoup de morts dans ses chansons en réalité quand tu les écoutes bien. Mais, je ne voulais pas me laisser attirer là-dedans car c’est trop humoristique et c’était assez gueule pour moi. Mais, bon, Dany avait son truc en tête pour les 90 ans du grand-père avec six chanteurs et je suis parti dans l’aventure. Je ne le regrette pas. C’est une belle expérience.

Postillon : Revenons à ton album. Le précédent t’a permis de franchir un palier. Pour celui-ci, tu es parti de quoi ?

Dimoné : Mine de rien, le précédent a eu un long vécu. Avec Jean-Christophe (***), nous n’avons jamais autant joué que ces deux dernières années. Je ne pensais pas que je continuerai à faire de la géographie avec ma six cordes ! Or, j’ai planté de nouvelles punaises sur la carte de France et même au-delà en jouant à Liévin, Montbrison, Lavaur ou à Chartres-de-Bretagne (et il va enchaîner avec Gauchy, Bully-les-Mines et La Penne-sur-Huveaune !, ndlr). Pour « Bien nommé, mal femmé », j’ai laissé arriver les chansons. Je ne les programme pas. J’avais envie de quelque chose de différent. Forcément, on retrouvera des chansons de la ZAT et celles que je jouais déjà sur scène.

Postillon : Question embarrassante mais qui intéresse tout le monde, il sort quand ce divin enfant musical ?

Dimoné : (gêné aux entournures, il regarde en l’air, ndlr). J’espère au printemps prochain, peut-être un peu avant.

Postillon : Mais c’est encore loin tout ça !

Dimoné : Oui je sais. Mais il est mixé (par Jean Lamoot, une pointure, ndlr) et il reste à le mastériser. L’album est prêt, Jean-Christophe l’a réalisé, j’ai une manageuse, un tourneur depuis deux mois… Mais, tu sais, il faut compter avec des attentes qui sont anti-glamour. C’est ce que l’on appelle les considérations techniques et promotionnelles. Parfois, tu as même l’impression que cela ne sortira jamais car il y a beaucoup d’artistes dans le même entonnoir. J’espère pouvoir sortir avant un CD 5 titres ou un vinyle car je n’oublie pas que l’on vient de ce sillon là. Autant la Carte Noire, c’est quelque chose de calibré et de désaxé, un collectif originel africanisé qui répondait à quelque chose d’Africain que j’avais en moi, l’idée du duo avec Jean-Chris demeure la proposition principale : celle d’une formation revendiquée blanche et rock. Ce que je peux te dire dès aujourd’hui au sujet de l’album, c’est qu’en temps qu’objet-disque, c’est le plus réussi des quatre que j’ai commis à ce jour.

Postillon : Hormis l’album, quel est ton agenda à court terme ?

Dimoné : Nous repartons au Québec dès le 16 février. C’est un peu comme aller au Cap d’Agde sans maillot, je pars sans guitare. J’en achèterai une là-bas. On participe à un truc qu’ils nomment la Bourse Rideau. C’est un peu le rendez-vous des maquignons du spectacle. On y a déjà joué, on nous reprogramme là-bas, c’est tant mieux. On part avec nos chansons sous le bras. J’ai appris à décortiquer les chansons. A les chasser du disque. A les transposer sur scène, en duo, à l’Africaine, à les rhabiller ensuite. Une chanson, tu peux la parler, la dépouiller. Une chanson, c’est une boite à poupées.

Postillon : Et Montpellier dans tout ça ? Tu penses déjà à la prochaine ZAT ?

Dimoné : J’aime éprouver ma Montpelliéranité en restant le Catalan errant déposé sur le Clapas par ses parents en 1974. Cela m’intéresse de ne pas me sentir complètement d’ici. Parfois, je me demande encore si je suis Montpelliérain (sourire malicieux, ndlr). Les ZAT, je crois que je suis le seul artiste à les avoir toutes faites. J’aime l’idée d’être attendu sur une chanson. C’est très middle class, cela me va bien. J’essaye toujours de surprendre avec une nouvelle proposition artistique comme « La ligne bleue » : j’écris un texte, Jean-Chris met une ambiance avec des sons et je joue avec les tatouages. Cela éclate les propositions. Et ça nous éclate autant que d’aller faire chanter les minots dans les collèges comme on vient de le faire à Vauvert…

Propos recueillis par Jérôme CARRIERE

Notes : (*) : La ZAT est une manifestation culturelle portée par la Ville de Montpellier. La prochaine Zone Artistique Temporaire aura lieu dans le quartier Malbosc.

(**) : Dany Lapointe est la petite-fille de Boby Lapointe et la manageuse de Dimoné.

(***) : Jean-Christophe Sirven est l’alter ego de Dimoné et joue des claviers.

Le 4e album de Dimoné devrait paraître au printemps prochain.

Le 4e album de Dimoné devrait paraître au printemps prochain.

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